DEGUSTATION AUX HOSPICES DE STRASBOURG
Après une quelques années de pause, j’ai le plaisir de retrouver ce jury composé de professionnels du vin et d’amateurs, chargé d’évaluer une série de vins en cours d’élaboration pour sélectionner ceux qui seront élevés dans les foudres de la Cave Historique des Hospices de Strasbourg.
C’est un exercice assez difficile mais toujours très intéressant puisqu’il permet de se faire une idée de la qualité du dernier millésime en Alsace
Hoppla, c’est parti !
Accueil des dégustateurs dans la salle des fêtes des Hospices de Strasbourg.
Les tables sont mises et les instruments de travail sont prêts
Les échantillons, tous anonymés, attendent encore au frais.
La partie officielle de la matinée avec Céline Dugast, Directrice générale des Hospices Civils de Strasbourg qui accueille les personnalités politiques représentant l’Eurométropole et la ville de Stuttgart…
…et Jean-Louis Hoerlé, maire de Bischheim et conseiller de l’Eurométropole qui nous annonce que l’Alsace va représenter le vignoble français lors de la prochaine Exposition Universelle qui aura lieu au Japon en 2025. Xavier Muller, l’actuel président de la S.I.C.A. des Hospices de Strasbourg nous rappelle les objectifs de cette dégustation…
…et le sommelier Christophe Meyer présente le millésime 2023 sous l’œil attentif de Thibaut Baldinger, le responsable de la cave des Hospices de Strasbourg. Pour terminer, c’est Igor Monge, le maître de chai de la cave des Hospices qui nous donne les dernières consignes pour le déroulement de cette dégustation.
Cette dégustation qui a lieu chaque mois de janvier permet de sélectionner les vins les plus prometteurs qui auront le privilège d’être élevés durant 6 à 10 mois dans les foudres de cette cave prestigieuse.
Les vins sont prélevés sur cuve et présentés dans une bouteille neutre sans filtration.
Cette année le jury va être chargé d’évaluer 76 cuvées de vins tranquilles et 8 cuvées de crémant.
Comme en 2020 nous reprenons le protocole instauré par Thibaut Baldinger, l’actuel responsable de la Cave des Hospices de Strasbourg :
- chaque tablée est présidée par un professionnel du vin qui sera chargé de rédiger la synthèse des commentaires sur chaque échantillon,
- chaque vin est présenté à 2 jurys différents et s’il y a désaccord sur un vin il sera dégusté une nouvelle fois par un 3°jury.
- les vins sélectionnés subissent une dernière analyse en laboratoire avant d’être confiés aux bons soins d’Igor Monge, l’actuel maître de chai de la Cave des Hospices.
C’est parti pour la dégustation
Cette année notre tablée est chargée de déguster et d’évaluer 11 cuvées : 2 pinots noirs, 2 rieslings, 2 pinots blancs, 2 pinots gris, 1 klevener de Heiligenstein, 1 gewurztraminer et 1 assemblage.
Notre série du jour et le président de notre jury, Stéphane Wantz.
En relisant mes notes du jour, l’impression générale laissée par la dégustation de ces 11 cuvées est très positive : des jus avec des niveaux d’évolution encore assez différents mais avec des éléments constitutifs très prometteurs.
Les deux pinots noirs concentrés, souples et déjà bien gourmands. Les deux rieslings avec des arômes exotiques et des matières bien toniques en bouche
Après les pinots noirs et les rieslings, nous avons dégusté des cuvées de pinots (blancs et gris) généreux et sapides avec de jolies propositions aromatiques, un klevener de Heiligenstein assez discret et peut-être un peu lourd mais sans défaut rédhibitoire et un très beau gewurztraminer, très expressif et d’une belle fraîcheur.
Mon coup de cœur sera pour la cuvée d’assemblage qui a séduit la tablée par son aromatique flatteuse, son jus fruité très gourmand et son équilibre parfaitement digeste…j’y ai même repéré cette élégance qu’on trouve chez les belles cuvées de Kaefferkopf.
A la fin de la série nous avons décidé de valider tous les échantillons dégustés.
Comme toujours, la session de dégustation se termine par la présentation par Christophe Meyer, chef sommelier dans un restaurant allemand doublement étoilé (et désigné par le guide Gault et Millau comme meilleur sommelier de l’année 2022), du crémant de l’année et pour 2024 ce sera le crémant de la cave Gisselbrecht à Dambach.
Christophe Meyer qui nous présente le crémant qui fera la fameuse cuvée des Hospitaliers
Pour conclure cette demi-journée, le groupe de dégustateurs est invité à partager un déjeuner au restaurant « Au Cerf d’Or », une institution gourmande strasbourgeoise située à quelques pas des Hospices de Strasbourg.
C’est parti pour un joli moment de gourmandise et de convivialité au restaurant « Au cerf d’or »
Le restaurant nous a concocté un menu en 3 temps avec une salade au saumon fumé, un civet de biche accompagné de légumes et de spätzle et un vacherin glacé.
Après un crémant « Cuvée des Hospitaliers » – une jolie bulle alsacienne qui stimule les papilles – servie à l’apéritif, chaque plat est accompagné par 2 vins de la « Cave des Hospices ».
L’apéritif et l’entrée
Le Sylvaner 2020 du domaine B. Hertz à Eguisheim et le Riesling Vieilles Vignes 2020 du domaine Ruhlmann à Dambach sont servis pour accompagner l’entrée : deux vins solidement tendus qui ont résisté aux puissants arômes du saumon fumé (un peu moins à la salade très vinaigrée).
Le plat principal
Le Pinot Gris Les Pierriers 2021 du domaine A. Wantz à Mittelbergheim et le Pinot Noir CuvéeS 2022 du domaine X. Muller à Marlenheim sont servis pour accompagner le plat : un pinot noir issu du Grand Cru Steinklotz qui fait le job mais qui se trouve quand même un peu durci par les saveurs douces de la sauce et un étonnant pinot gris vinifié en sec qui réalise un accord magistral avec le civet de biche.
Le dessert
Le Klevener de Heiligenstein 2021 du domaine C. Wantz à Barr et le Gewurztraminer 2022 de la Cave du Roi Dagobert à Traenheim sont servis en fin de repas : deux vins qui ont joué leur partition sans fausse note mais que je n’ai pas eu envie de tester sur ce dessert glacé.
Comme en 2020, je vais débuter ma conclusion par un petit rappel historique repris de mes articles antérieurs :
« L’hôpital civil de Strasbourg est un hôpital pavillonnaire dont les plus anciens bâtiments datent du XIV° siècle.
Créée dès 1396, la Cave Historique des Hospices de Strasbourg participait à l’autosuffisance alimentaire de cet hôpital géré par des religieux qui assuraient les soins aux malades mais proposaient aussi le gîte et le couvert aux pèlerins et aux pauvres.
A partir du XVII° siècle cet hôpital s’est médicalisé et les quantités de vin distribuées aux malades ont diminué progressivement, provoquant une baisse régulière de l’activité de cette cave, si bien qu’en 1990 l’utilisation en propre de ces chais historiques avait définitivement cessé.
Grâce à l’action conjuguée de la direction de l’hôpital et d’une trentaine de domaines alsaciens la Cave des Hospices de Strasbourg a repris ses activités en 1996 avec la création d’une S.I.C.A. dont on a célébré les 20 ans lors de la dégustation d’agrément de janvier 2017 ».
En 2023, cette S.I.C.A. va produire 845 hectolitres de vin, soit environ 113 000 bouteilles qui vont arriver sur le marché avec la fameuse étiquette des Hospices de Strasbourg.
Comme à chaque fois cette matinée m’a permis de me faire une idée plus précise de la qualité du millésime 2023…et de constater que le protocole de sélection des vins qui entreront dans la cave historique des Hospices de Strasbourg est toujours aussi sérieux. Bravo !
Cette année notre jury a été chargé d’évaluer des cuvées issues de plusieurs cépages différents – alors que par le passé, les jurys se concentraient sur un seul cépage – et les vins dégustés ce jour ont révélé des matières riches et bien équilibrées, des vins encore à l’état « embryonnaire » mais qui m’ont semblés très prometteurs.
Le moment de convivialité gourmande qui fait suite à la dégustation nous offre la possibilité de tester le potentiel gastronomique de quelques cuvées estampillées « Cave des Hospices de Strasbourg » et comme l’année passée ce déjeuner au restaurant « Au Cerf d’Or » nous a fait apprécier de jolis accords gustatifs entre cette cuisine traditionnelle et ces beaux vins d’Alsace.
En tous cas, bravo à la SICA des Hospices pour son action en faveur de notre patrimoine culturel et vinique.
Article de Pierre Radmacher, vous pouvez le suivre sur son blog Vins, Vignobles et Vignerons
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