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Lors des vendanges, Julien Boehler, à la tête du domaine éponyme à Molsheim, partage avec nous son parcours, ses défis et ses ambitions pour l’avenir. Le domaine, qui s’étend sur un peu plus de 8 hectares, est en agriculture biologique depuis sa conversion en 2018, avec une certification obtenue en 2021. Situé dans un cadre exceptionnel, le domaine profite de la richesse des terroirs du Grand Cru Bruderthal. L’approche bio, bien plus qu’une simple certification, représente pour Julien une véritable philosophie et un engagement qui, malgré les difficultés, lui permet d’offrir des vins d’une qualité exceptionnelle.

Un chemin vers l’agriculture biologique 

Julien Boehler a choisi de passer à l’agriculture biologique en 2018. Cette transition, un véritable tournant pour le domaine, est rapidement devenue une évidence. En effet, Julien explique qu’il ne reviendrait jamais en arrière, malgré les difficultés rencontrées, notamment liées aux conditions climatiques capricieuses. En 2024, par exemple, une année marquée par des pluies printanières intenses a rendu la gestion des vignes plus complexe. Les produits utilisés en bio, tels que le cuivre et le soufre, sont souvent lessivés par les pluies, obligeant le vigneron à surveiller constamment la météo. Malgré ces obstacles, Julien se réjouit du résultat. « On est satisfait du résultat avec une récolte correcte en quantité et surtout très belle en qualité », affirme-t-il, soulignant que la démarche bio améliore non seulement l’environnement, mais aussi la qualité du vin.

Des vins plus frais et plus profonds 

L’un des avantages majeurs qu’il observe depuis le passage au bio est l’évolution gustative des vins. L’arrêt des herbicides a provoqué une modification de l’absorption des minéraux par la vigne, notamment du potassium, ce qui a des conséquences directes sur le pH des vins. En effet, Julien constate une plus grande fraîcheur et une meilleure tenue dans le temps des vins du domaine. La profondeur et la complexité des arômes sont devenues des atouts majeurs. « C’est bien dans la tendance actuelle d’avoir des vins avec de la fraîcheur », souligne-t-il. Cette évolution se ressent rapidement et confère aux vins de Julien une signature unique, caractérisée par leur vivacité et leur salinité.

Une agriculture à l’écoute de la nature 

Pour Julien Boehler, l’agriculture biologique va bien au-delà de l’abandon des produits chimiques. Elle implique une attention particulière aux interactions entre les différents éléments de l’écosystème. « Ce n’est pas le tout d’avoir des vignes en bio, il faut aussi avoir un environnement propice aux auxiliaires », explique-t-il. Les bosquets, arbres et vergers autour des vignes jouent un rôle crucial dans cet équilibre naturel, attirant chauves-souris et autres insectes qui aident à contrôler les nuisibles de manière naturelle. À Molsheim, cette diversité de paysages permet aux vignerons de ne plus utiliser d’insecticides depuis des années, un progrès que Julien attribue à la gestion respectueuse des terres.

Les vendanges, un défi permanent 

Les vendanges 2024 ont été particulièrement complexes, avec des raisins mûrs à des rythmes inattendus. Julien raconte, étonné, qu’il a dû vendanger du Pinot Gris et du Riesling le même jour, alors que ces deux cépages sont habituellement récoltés avec plusieurs semaines d’écart. Une situation qui, selon lui, est due aux conditions météorologiques imprévisibles et à une floraison irrégulière. Malgré tout, il se montre optimiste quant à la qualité des raisins, qui offrent une maturité idéale tout en maintenant des degrés alcooliques plus bas, dans la lignée des tendances actuelles des vins plus légers et digestes. « On cherche des vins plus digestes », affirme Julien, heureux de constater que la nature a bien travaillé malgré les difficultés climatiques.

Un domaine en constante évolution 

Depuis 2016, le domaine Boehler a connu de nombreuses évolutions. La cave a été rénovée et Julien a fait le choix de réduire sa gamme de vins de cépage pour se concentrer sur la vinification par lieux-dits. Cette démarche lui permet de mieux retranscrire l’âme de chaque terroir dans ses vins, une vision qu’il souhaite encore approfondir à l’avenir. Pour lui, il ne s’agit pas de produire plus, mais de produire mieux : « Avec un peu moins de 9 hectares, je trouve que la taille de l’entreprise est tout à fait cohérente avec ce que je recherche », confie-t-il. L’objectif est désormais de simplifier la gamme tout en accentuant les nuances entre les différents crus, afin d’offrir une expérience gustative plus lisible et accessible aux consommateurs, tout en maintenant une grande complexité pour les amateurs.

Un engagement pour les Vins d’Alsace 

En plus de gérer son domaine, Julien Boehler a récemment pris des responsabilités supplémentaires en devenant coprésident de l’association Les Jeunes Vignerons d’Alsace. Avec Pierre Engel, il travaille à rendre les vins de terroir alsaciens plus accessibles et à favoriser les échanges entre vignerons, sommeliers et consommateurs. Le prochain événement organisé par l’association, prévu pour le 21 octobre à Strasbourg, vise à désacraliser l’image parfois intimidante du vin et à encourager la convivialité autour de la dégustation. Pour vous inscrire à l’événement « Parlons Cru », vous pouvez encore le faire ICI.

Un avenir prometteur 

Julien continue de tracer son chemin avec passion et humilité, bien conscient des défis que pose la viticulture biologique. Son engagement pour un vin authentique et respectueux de l’environnement, allié à sa volonté d’évoluer constamment, fait de lui un acteur incontournable de la scène viticole alsacienne. Au-delà de ses réussites, Julien reste fidèle à sa philosophie : « retranscrire l’âme d’un lieu à travers la bouteille ». Un objectif qu’il poursuit avec rigueur et enthousiasme, convaincu que les différences entre les terroirs sont la clé de la qualité des vins qu’il produit.