La seconde conférence technique, de la Foire Aux Vins, avait comme sujet les maladies du bois, maladies qui touchent les vignobles de tous les continents. La France connait de fortes campagnes de replantation, pour un coût de 1 milliard d’euros.
L’Alsace subit une forte mortalité des ceps dans les années 90, chacun a réagit en utilisant sa propre méthode : abandon du broyage, utilisation d’outils dédiés uniquement aux pieds malades, reprise du recepage, et plus récemment une taille respectant les flux de sève ou le curettage des ceps. Le vignoble n’est pas à sa première crise sanitaire : 1845 introduction de l’oïdium en Europe, 1863 crise majeur avec le phylloxera (10 à 15 000 variétés de vigne dans le mondes avant le phylloxera) et 1879 introduction du mildiou.
A chaque crise la filière a répondu soit par la phytopharmacie (lutte chimique) soit par le greffage (lutte biologique). Avec cette crise les viticulteurs ne doivent pas uniquement trouver une solution mais répondre aux attentes sociétales de plus en plus fortes, faire face aux changements climatiques et réagir en fonction de nouveaux stress biologiques et des nouveaux marchés. En Alsace s’ajoute le maintien de la tradition des domaines familiaux.
Les maladies du bois ne sont pas des maladies émergentes, Christophe Bertsch, directeur du laboratoire Vigne, biotechnologies et environnement, à l’université de Haute-Alsace à Colmar, a découvert des planches de dessins décrivant les symptômes datant de 1920 et une étude des interventions viticoles favorisant le développement de la maladie, ainsi que des préconisations de lutte telles que la taille guyot poussard, le curettage et l’application d’arsénite de soude. Cette étude s’appuyait à l’époque sur une étude menée en 1890. Les scientifiques de ces périodes prévoyaient déjà une catastrophe sanitaire pour le vignoble. Actuellement les chercheurs et les viticulteurs savent qu’une multitude de champignons se développent dans le tronc des ceps, mais lequel est responsable de la maladie reste un mystère. Depuis l’interdiction de l’usage de l’arsénite de soude en 1980, la malade a explosé, le vignoble connait en moyenne une mortalité de 2% des pieds de vigne par an, actuellement 15% du vignoble alsacien est improductif.
Suite au constat du dépérissement exponentiel et à la perte de compétitivité du vignoble français, un plan d’action national est mis en place avec 4 axes de travail : remettre la viticulture au cœur de la lutte, avoir un approvisionnement qualitatif du matériel végétale, mise en place d’un observatoire du vignoble français et mettre les chercheurs au service des viticulteurs.
Toute la filière viticole alsacienne (Association des viticulteurs d’Alsace, Comité interprofessionnel des vins d’Alsace, Chambre d’agriculture, Institut français de la vigne, lycée de Rouffach) s’est regroupée au sein d’une commission technique des vins d’Alsace pour suivre l’évolution des maladies et répondre aux thématiques actuelles et futures, en collaboration avec l’université de Haute Alsace. Le projet Euréka a pour ambition de trouver une ou des solutions, curatives et/ ou préventives.
Une certitude, l’arsénite de soude marche très bien car la molécule entre dans le pied et le stérilise, mais c’est toxique, donc il faut trouver une nouvelle molécule efficace et son mode d’application.
Du point de vue de la lutte préventive, comme pour le phylloxera, ils savent que toute l’espèce vitis vinifera est sensible et que la vigne vierge est parfaitement résistante, actuellement 4 types de greffages sont testés mais il faut être patient pour obtenir les résultats.
Euréka est un projet sur 3 ans, il faudra attendre pour avoir des résultats concluant car une seule année est passée.
La Foire Aux Vins de Colmar