Skip to main content

ÉTUDE DU TERROIR DU GOLDERT AVEC L’UNIVERSITÉ DES GRANDS VINS.

Après quelques soirées organisées dans le grand caveau du domaine Rolly-Gassmann avec notamment une dégustation de grands vins blancs de Châteauneuf-du Pape animée par Georges Truc, l’U.G.V. nous propose une session délocalisée à Gueberschwihr pour découvrir « in situ » le terroir du Goldert et le Clos Saint Imer en compagnie de Francis Burn.

Hoppla, c’est parti !

Les participants se regroupent dans la cour du domaine Burn avant de partir pour une petite marche apéritive sur le coteau du Goldert

Première halte pour profiter d’une belle vue sur le vignoble de Gueberschwihr et assister au discours de bienvenue du Président de l’U.G.V…

…avant de profiter d’une première intervention de Francis Burn qui nous parle de l’histoire de son domaine et du terroir de ce Grand Cru où sa famille a crée le Clos Saint Imer. Après une belle grimpette sur le coteau du Goldert, on se retrouve au cœur du Clos Saint Imer.

On continue de parler histoire, terroir et géologie face à une coupe géologique qui révèle le socle de calcaire de l’oligocène du Goldert.

Comme Francis Burn a été mon guide lorsque j’ai étudié le Goldert, je ne vais donc pas réécrire ce que j’ai déjà publié dans mon article sur ce Grand Cru : si vous avez envie d’en savoir plus c’est ICI.

Pae contre nous avons eu le plaisir de retrouver le géologue Georges Truc qui nous a accompagnés sur le Goldert en partageant avec nous les dernières connaissances à propos du fonctionnement des terroirs viticoles en développant notamment la notion de « terroir microbiologique ».

Il a insisté particulièrement sur l’importance de l’association symbiotique, appelée mycorhization, entre des champignons et les racines des plantes.

« Un gramme de terre vivante, peut contenir 200 mètres de filaments de champignons »…et ce sont ces éléments organiques qui assurent le « prélèvement des éléments minéraux pour la plante ».

Il rappelle également l’importance des argiles dans le sol « un gramme d’argile complexe possède une surface interne de 600 m² »…de « véritables coffres-forts » qui contiennent les éléments minéraux et des micro-organismes que les mycorhizes pourront prélever pour les transmettre à la plante.

Georges Truc, toujours aussi passionnant lorsqu’il parle des terroirs viticoles et Francis Burn qui nous évoque la création du Clos Saint Imer devant la chapelle édifiée par ses parents entre 1985 et 1988.

La croix du Clos Saint Imer où on peut lire la devise « Lege in Gottes Hände, da Leid, das Glück, der Anfang und das Ende » (Met entre les mains de Dieu, la peine, la joie, le début et la fin). Nous retournons vers Gueberschwihr…

…pour nous retrouver dans la cour du domaine et commencer notre session de dégustation.

L’équipe de la maison Anthony est au travail pour préparer notre repas « fromager »…

…et Francis Burn nous présente les vins qu’il a sélectionnés pour cette grande dégustation.

Le Goldert est un terroir assez solaire avec des sols calcaires très pierreux où les raisins mûrissent bien sans trop subir de pression des maladies cryptogamiques « en 50 ans, je n’ai connu que 2 attaques sérieuses de mildiou sur le Goldert…cette année et en 2021 ».

Elaborés à partir de raisins bien mûrs, les vins du domaine Burn sont riches et profonds : « les muscats du Goldert sont tellement bons que les anciens demandaient aux vendangeurs de chanter pendant qu’ils coupaient les raisins afin de les empêcher de trop en manger »…tout est dit !

Allez, on goûte !

  • Alsace Grand Cru Riesling Goldert-Clos Saint Imer 2015 : nez assez discret avce des notes de fruits blancs et d’herbes aromatiques (sauges sauvage, citronnelle), attaque en bouche douce et suave puis développement d’un jus fruité ample et profond, finale très tonique étitée par une acidité acérée et cristalline.

En guise de mise en bouche Francis Burn nous propose ce riesling de 2015, très généreux (44 g de SR), porté par une belle structure acide et révélant des marqueurs aromatiques bien précis qu’on retrouvera dans un grand nombre de cuvées de muscat…on entre de plain-pied dans l’univers du Goldert.

  • Alsace Muscat 2021 : nez expressif et séduisant avec de belle notes de rose fraîche et de jasmin, bouche très gourmande avec un équilibre assez vif, finale longue et solidement tendue avec des amers délicats et un beau sillage sur les herbes aromatiques et la craie.

Au domaine Burn les cuvées de muscat sont réalisées à partir d’un assembalge à parts égales de muscat ottonel et de muscat d’Alsace.

Ce 2021 au style très atypique – « la vigne s’était mise en stand-by durant le mois de juillet » – est un petit bijou de fraîcheur et de suavité…j’adore !

  • Alsace Grand Cru Muscat Goldert-Clos Saint Imer 2018 : nez expressif et complexe avec des notes de fruits exotiques et d’épices sur un fond grillé/rôti très présent, bouche ample et concentrée avec un équilibre très abouti entre richesse et tension, finale bien sapide avec un long sillage grillé/épicé.

Cette cuvée réalisée avec « des muscats récoltés 15 jours après avoir prélevé les raisins pour la S.G.N. sur cette même parcelle…un miracle ! » commence à se livrer tout en laissant entrevoir de très belles perspectives d’évolution…déjà très bon à l’heure actuelle mais surement remarquable dans quelques années !

Pierre Gassmann au service des vins et la maison Anthony qui nous offre quelques petits échantillons de fromage pour accompagner les vins.

  • Alsace Grand Cru Muscat Goldert-Clos Saint Imer 2011 : nez qui s’ouvre sur des notes de pain grillé et de crême pâtissière avant de libérer des arômes de fleurs séchées et de raisin confit, bouche opulente avec un centre un peu lourd et alcooleux, finale intense soutenue par de beaux amers minéraux.

« En 2011 les muscats du Goldert étaient brûlés par le soleil » et la cuvée du Clos Saint Imer porte hélas les stigmates de ce millésime particulier : l’expression aromatique est fort agréable mais la bouche manque un peu de fraîcheur et de tension malgré quelques beaux amers qui accompagnent la finale pour lui donner un peu de peps.

  • Alsace Grand Cru Muscat Goldert-Clos Saint Imer 2001 : nez marqué par des notes de réduction à l’ouverture avant de développer une palette aromatique très raffinée sur les céréales maltées, la tourbe et l’iode, bouche consistante et profonde structurée par une acidité très vive, finale tonique marquée par une salinité intense et de fines touches mentholées.

Ce muscat qui chemine tranquilement vers son quart de siècle révèle une palette aromatique qui peut trahir un certain degré d’évolution, en revanche sa présence en bouche ne laisse aucun doute sur son état de forme…quelle énergie mes amis !

  • Alsace Grand Cru Muscat Goldert-Clos Saint Imer V.T. 2007 : nez riche et très complexe avec des notes de fruits exotiques, de bergamote et d’épices douces, bouche puissante avec une aromatique intense sur les agrumes confits et une assise acide qui apporte une belle fraîcheur à l’ensemble, finale longue, tonique et salivante.

Avec cette première cuvée moelleuse, on accède progressivement à l’univers esthétique du Goldert vu par Francis Burn : c’est un muscat expressif et généreux tramé par une maille acide/minérale qui lui confère un équilibre très digeste tout en lui apportant une structure qui va lui permettre de bien se tenir dans le temps.

  • Alsace Grand Cru Muscat Goldert-Clos Saint Imer V.T. 2005 : nez plus évolué mais d’une complexité inouïe avec des notes d’origan, de romarin et de sauge sur un fond camphré assez sensible, bouche riche et puissante avec un développement aromatique plus suave sur la brioche et les épices douces, finale fraîche soutenue par une salinité longue et intense.

Nous poursuivons notre voyage dans le temps avec ce Goldert « immense » issu d’un très grand millésime et dégusté dans la force de l’âge mûr…une expérience sensorielle et émotionnelle de toute beauté.

  • Alsace Grand Cru Muscat Goldert-Clos Saint Imer S.G.N. 2018 : nez séduisant et raffiné avec des notes de fruits blancs bien mûrs, de rhubarbe confite et de brioche à la vanille, bouche puissante et ultra-concentrée appuyée sur une base acide minérale solide, finale très sapide avec une très longue persistance épicée.

Cette cuvée réalisée à partir d’une trie de raisins botrytisés est une véritable caresse pour les papilles…une grande complexité aromatique et un équilibre « sur le fil » entre une richesse hors normes et une structure acide/minérale parfaitement en place. Un muscat d’anthologie qui a encore de belles années devant lui.

  • Alsace Grand Cru Muscat Goldert-Clos Saint Imer S.G.N. 1989 : nez fin et délicat avec une palette évolutive entre herbes à tisane (menthe, verveine, mélisse…) et épices douces sur un fond fumé/minéral, bouche puissante avec un jus très généreux stimulé par une intense salinité, finale très digeste avec des amers nobles, de fines touches oxydatives et un long sillage fumé et mentholé.

A près de 35 ans, cette superbe cuvée développe cette aromatique incomparable qui n’a pas manqué de me tirer une petite larme…comme à chaque fois que je rencontre un grand muscat d’âge vénérable…un fin en apothéose pour une très belle série.

Bravo et merci Francis !

Comme toujours, la soirée se termine par un repas « aux chandelles » avec des fromages affinés proposés par la célébrissime maison Anthony de Vieux-Ferrette et une belle série de bouteilles.

Dernières consignes avant d’attaquer le buffet et c’est parti pour la ripaille fromagère…

…copieusement arrosée par quelques belles quilles. MIAMMMM !

Malgré une météo incertaine qui a quelques peu chamboulé l’organisation initiale qui prévoyait une soirée dans les vignes du Goldert, nous avons quand même passé un très beau moment de culture vinique en compagnie de Francis Burn.

Ce vigneron authentique et passionné bichonne ses parcelles du Clos Saint Imer avec une conviction sans faille et un profond respect pour le travail accompli par ses parents qui ont redonné vie à ce vignoble délaissé car trop difficile à exploiter.

Nous avons eu le privilège de découvrir 8 cuvées de muscats de toute beauté, une petite verticale qui nous a rappelés que le Goldert est l’un des plus grands terroirs pour ce cépage mais aussi qu’un muscat bien né et bien travaillé était parfaitement capable de défier le temps qui passe.

Merci à tous ceux qui ont œuvré pour nous permettre de vivre cette belle soirée à Gueberschwihr.