RenKontres Professionnelles au domaine Karcher à Colmar
Edition 2022
J’ai fait la connaissance de Fanny Paillocher lors de la conférence-dégustation sur le vin nature qu’elle avait organisée en tant de Major de la Confrérie Saint Etienne.
Après la publication d’un article sur cet évènement, elle m’a contacté pour m’inviter à cette rencontre professionnelle dans ce domaine colmarien dont elle gère la partie « communication » depuis quelques années.
J’avais déjà entendu parler de ce domaine situé dans le centre historique de la capitale des vins d’Alsace mais je n’avais encore jamais pris le temps d’y faire une petite halte…voici une belle occasion de combler cette lacune.
Hoppla, c’est parti !
L’entrée du domaine Karcher dans le quartier historique de Colmar
Des verres et des carnets de dégustation à l’accueil, une table de gourmandises copieusement garnie
Le caveau du domaine Karcher qui donne sur une rue piétonne du centre de Colmar, mais ce soir la dégustation se passe en plein air
Discours d’accueil avec Pierre Karcher entouré par Eric Straumann, le maire de Colmar, et par la députée Brigitte Klinkert.
Allez, on commence à déguster !
- Crémant d’Alsace K : fruité mûr et notes briochées au nez, bouche très agréable avec un jus riche qui enrobe une acidité assez large, mousse bien crémeuse, finale droite et sapide avec de beaux amers. (50% pinot noir + 50% pinot auxerrois – 12° – S.R. 0g/l – AT 5,2 g/l H2SO4)
- Crémant d’Alsace Rosé : nez très engageant sur les petits fruits rouges et le bonbon acidulé, bouche fraîche et gourmande avec une bulle très fine, finale vive et désaltérante. (100% pinot noir – 12° – S.R. 6,5g/l – AT 5,5g/l H2SO4)
Le crémant blanc non dosé et élevé durant 30 mois sur lattes, développe un jus concentré et solidement structuré alors que le crémant rosé légèrement dosé joue franchement la carte de la séduction. Si le premier trouvera facilement sa place à table face à un poisson noble, une volaille à la crème ou une bonne choucroute, le second sera vraiment parfait pour plaire à un large public lors d’un apéritif festif.
- Alsace Héritage 2020 : nez très délicat avec des notes de fruits blancs et d’amande fraîche, bouche très agréable avec une expression aromatique encore assez discrète mais une texture bien caressante et une salinité sensible, finale très sapide. (50% chardonnay + 50% sylvaner – 12° – S.R. 4,2g/l)
- Muscat 2019 : nez ouvert et charmeur, notes de raisin frais et de fleurs (sureau, jasmin) sur un fond finement mentholé, bouche longiligne avec un équilibre très aérien, finale fraîche et gouleyante avec un long sillage floral et mentholé. (50% muscat d’Alsace + 50% muscat ottonel – 12° – S.R. 4,2g/l – AT 5,54g/l H2SO4)
Conçue pour être servie dans des restaurants, la cuvée Héritage est réalisée à partir d’un assemblage original mais parfaitement équilibré avec un potentiel gastronomique très intéressant…mais je crois que cette bouteille ne se trouve pas sur la carte du caveau.
Cela étant, on pourra se consoler facilement avec ce muscat absolument remarquable : un vin complexe, raffiné et d’une parfaite digestibilité. MIAM !
- Auxerrois 2021 : nez très charmeur avec une palette aromatique d’une belle pureté, notes de pêche blanche et de noisette fraîche, bouche bien gourmande, finale soutenue et très digeste. (12° – S.R. 2,9g/l – AT 3,13g/l H2SO4)
- Auxerrois 2019 : fruité expressif au nez, bouche longiligne et assez légère avec un équilibre très droit, finale bien suave mais un peu courte. (13° – S.R. <0,5g/l – AT 2,52g/l H2SO4)
Ces deux pinots auxerrois bien construits et déjà très accessibles sont de jolis vins qui pourront accompagner favorablement une assiette de charcuteries alsaciennes ou une tarte flambée
- Riesling 2021 : nez frais et suave avec une palette florale très élégante, bouche solidement bâtie avec un jus bien consistant équilibré par une belle trame acide/saline, finale droite et sapide. (12° – S.R. 6,5g/l – AT 4,16g/l H2SO4)
- Riesling 2015 : nez bien mûr avec des notes de fruits exotiques sur un fond légèrement terpénique, bouche généreuse avec un gras sensible, finale assez digeste relevée par une délicate amertume. (13° – S.R. 6,1g/l – AT 3,9g/l H2SO4)
Voici deux beaux rieslings pleins de gourmandise qui se ressemblent pas mal au niveau analytique mais qui présentent des caractéristiques organoleptiques très différentes avec un 2015 mûr et assez volumineux et un 2021 qui a trouvé un équilibre très subtil entre richesse et structure…et qui va probablement faire partie de mes coups de cœur du soir
Pinot Gris 2020 : nez bien frais avec des notes de fruits jaunes encore très discrètes, bouche puissante et bien charnue avec un équilibre ressenti quasiment sec, finale sapide et assez légère. (13°5 – S.R. 7,7g/l – AT 3,56g/l H2SO4)
Pinot Gris 2018 : nez plus mûr que le 2020 une belle palette fruitée et épicées, bouche très gourmande avec un équilibre un peu « rondouillard », finale longue et intense mais un poil trop chaleureuse. (13° – S.R. 13,4g/l – AT 2,97g/l H2SO4)
Issus de 2 beaux millésimes en Alsace, ces deux pinots gris révèlent pourtant des profils très différents avec un 2020 élégant et digeste et un 2018 assez dodu qui aura besoin d’encore un peu de temps pour trouver l’harmonie.
- Gewurztraminer 2021 : nez très avenant avec une palette classique sur les fruits exotiques et les épices, bouche ample, équilibre riche, finale rafraîchie par de beaux amers et stimulée par un long retour poivré/pimenté. (14° – S.R. 8,5g/l – AT 2,31g/l H2SO4)
- Gewurztraminer 2013 : nez plus discret mais d’une grande complexité, bouche assez légère avec un jus fruité bien gouleyant, finale très digeste mais un peu courte. (12°5 – S.R. 29,3g/l – AT 3,3g/l H2SO4)
Cette doublette nous propose également deux gewurztraminers de nature fort différente avec un 2013 complexe au nez mais qui donne des signes de fatigue en bouche et un 2021 très expressif et solidement bâti…si le premier vin semble arrivé dans sa phase de déclin, le second possède toutes les qualités pour lui assurer un grand potentiel de garde.
Entre autres gourmandises proposées ce soir, de superbes mini-burgers pour se sustenter et se refaire le palais avant de poursuivre la dégustation
- Riesling Grand Cru Schlossberg 2021 : nez discret mais d’une belle pureté avec des notes d’agrumes frais sur un fond légèrement épicé, bouche élancée, équilibre vif avec une belle présence saline, finale salivante avec un petit grip tannique stimulant. (12° – S.R. 2,1g/l – AT 4,95g/l H2SO4)
- Pinot Gris Barriques 2021 : nez encore un peu fermé, bouche très élégante avec un jus bien gourmand et un équilibre bien sec, finale droite et sapide avec un sillage fumé/grillé très délicat. (14° – S.R. 1,7g/l – AT 4,38g/l H2SO4)
Ces deux cuvées haut de gamme du domaine qui ont été mises en bouteilles récemment, se goûtent déjà très bien malgré une certaine timidité sur le plan aromatique : le pinot gris sec élevé sous bois (1 pièce neuve et 1 pièce de 2 vins) comme le riesling Grand Cru sont vraiment très prometteurs et donneront la pleine mesure de leur potentiel dans quelques années.
- Pinot Noir Barriques 2020 : nez séduisant avec de belles notes fruitées sur un fond grillé/vanillé très discret, bouche souple et gourmande avec des tanins très fins et bien enrobés, finale fraîche et suave. (13° – S.R. <0,5g/l)
Avec son extraction bien dosée (14 jours de macération) et son élevage parfaitement maîtrisé (14 mois en pièces bourguignonnes), ce pinot noir tout en finesse et en suavité est une petit friandise qui se déguste avec un vrai bonheur dès aujourd’hui.
Voilà un vin qu’il sera difficile d’oublier en cave…même s’il le mérite !
Quelques petites douceurs pour finir…
- Gewurztraminer Vendange Tardive 2018 : nez mûr et très flatteur avec des notes de litchi et d’épices douces, bouche très opulente avec une texture bien caressante, finale gourmande et appétente avec un long sillage aromatique sur l’orange amère et les épices. (13° – S.R. 122,7g/l – AT 4,16g/l H2SO4)
Je termine cette jolie dégustation avec une cuvée moelleuse de très belle facture, un gewurztraminer très exubérant qui développe une matière pleine et charnue sans laisser une impression de lourdeur au palais.
Voilà un vin qui fera merveille sur un dessert aux fruits…mais qui peut très bien se déguster tout seul, juste pour le plaisir. MIAM !
Pour conclure :
J’ai été très content de pouvoir faire cette visite dans ce domaine colmarien qui propose une gamme de vins cohérente et qualitative avec des bouteilles qui valorisent ces beaux terroirs de graves situés à la périphérie de la ville.
A l’heure actuelle le domaine Karcher est entre les mains d’une équipe ambitieuse et compétente avec Pierre Karcher qui gère la partie commerciale de cette entreprise viticole, Gilles Karcher qui s’occupe des vignes et des vinifications et Fanny Paillocher qui est chargée de la communication.
Pierre, Fanny et Gilles, le trio gagnant du domaine Karcher
Les vins que j’ai eu l’occasion de déguster aujourd’hui ont révélé un style classique avec niveau qualitatif irréprochable.
J’ai trouvé les cuvées de 2021 particulièrement réussies. Sentirait-on déjà les effets bénéfiques du travail en bio dans les vignes ? Probablement…mais je pense qu’on peut également y voir la patte d’un jeune vigneron talentueux.
En ce qui concerne mes coups de cœur du jour, je choisirai en premier lieu le superbe muscat 2019, une spécialité du domaine Karcher reconnue depuis de longues années et dont j’ai récemment pu déguster une cuvée du millésime 1989 tout à fait exceptionnelle (c’était lors d’une dégustation organisée par la Confrérie Saint Etienne durant la Foire aux Vins de Colmar…CR à suivre).)
J’ai également été séduit par le riesling 2021, un vin d’une grande pureté et d’une classe absolue (qui je crois a également bien plu à Maître Dubs…) et par la cuvée de gewurztraminer 2018, une véritable caresse pour les papilles.
Merci à l’équipe du domaine Karcher d’avoir œuvré pour nous permettre de passer ces jolis instants gourmands.
Article de Pierre Radmacher, vous pouvez le suivre sur son site Vins, Vignobles et Vignerons
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