Le domaine familial Robert Roth de Soultz possède 15 hectares de vignes dont 13 ha au pied du Grand Ballon, sur les communes de Soultz, Jungholtz et Hartmannswiller, ce qui représente une trentaine de parcelles.
Comme beaucoup de familles viticoles alsaciennes, la famille Roth faisait de la polyculture et a commencé la viticulture au milieu du 19ème siècle par l’exploitation de petites parcelles de vignes, au départ sur les terroirs de la vallée de Rimbach.
Après la seconde guerre mondiale, Victor Roth se spécialise dans la viticulture, achète des terres à vignes, fait ses vinifications au centre de Soultz et commercialise ses vins.
Dans les années 1949/1950, Robert Roth rejoint son père et continue l’expansion du domaine. Ses vins acquièrent une bonne renommée dans la région de Guebwiller. En 1958, le développement commercial est si important que l’exploitation est à l’étroit dans le centre ville. La famille délocalise le domaine (elle fait une sortie d’exploitation peu courante à l’époque) en achetant le site de l’Obermuhle. L’Obermuhle est un moulin de 1845, endommagé par les combats de la seconde guerre mondiale. La famille s’engage dans 10 ans de travaux pour transformer ces anciennes scieries hydrauliques en bâtiments viticoles (cuverie et matériel). D’ailleurs la cave a conservé des traces de son ancien usage. Le site de l’Obermuhle est un site polyvalent car en plus des bâtiments viticoles, il accueille les habitations pour les familles des deux viticulteurs.
Quand Robert décède prématurément en 1986, Patrick et Christophe, tous deux agés d’à peine 22 et 17 ans, reprennent le domaine. Tous les deux ont un BEP technique obtenu à Rouffach, mais chacun a sa voie ; Patrick se consacre à la vinification et Christophe s’épanouit dans les vignes. A cette période, le domaine compte 7 à 8 ha, ainsi les deux fils de Robert continuent l’expansion du domaine . En mémoire, au lieu de l’Obermuhle, ils produisent la gamme de vins 1845.
En 2015, la famille se lance dans de nouveaux travaux pour faire déguster leurs vins dans un lieu digne de l’histoire familiale. L’exploitation peut s’enorgueillir d’avoir un très bel outil avec ce bâtiment flambant neuf qui a été inauguré il y a quasiment un an, jour pour jour. C’est un projet mûrement réfléchi (2 ans) et Victor, le fils de Patrick, a eu la chance de pouvoir donner son avis et exposer ses idées, qui ont été retenues par la famille.
Victor nous parle de sa vision de l’avenir du domaine
Ce nouvel écrin, tout de bois et de verre, est accolé au bâtiment de stockage des bouteilles, également tout en bois, construit il y a 25 ans. La nouvelle bâtisse abrite un caveau de dégustation moderne au rez-de-chaussée et, à l’étage, une grande salle avec une superbe vue sur l’exploitation, qui peut accueillir des groupes ; une petite cuisine y est aménagée pour les réceptions. C’est un outil moderne, fonctionnel et pour ne rien gâcher, esthétiquement très réussi. Vous pourrez y déguster la quinzaine de références de vins produits par le domaine et, à l’avenir, Victor aimerait mettre en avant 16 références de vins issus d’autres vignobles français.
Ce caveau est indispensable au domaine vu que 40 % des ventes se font en direct à une clientèle locale et étrangère, dont la clientèle danoise et hollandaise est en forte progression. Le reste des ventes se répartit entre les expéditions en France, 6 à 7 salons par an et 5 % au grand export (Canada-Antilles).
Ce n’est pas qu’une famille de constructeurs, elle est également à la pointe de la technologie du point de vue du matériel. En 1987, elle achète sa première machine à vendanger tractée et depuis, tous les cinq ans, elle en change pour rester à la pointe de ce qui se fait de mieux, ce qui lui permet de faire un peu de prestations pour les autres viticulteurs, même si Victor préférerait la vendange manuelle. Le domaine possède également un pulvérisateur équipé d’un GPS qui permet la gestion des buses en fonction de la vitesse d’avancement du tracteur.
A la vigne, le domaine vient de franchir un cap en commençant sa conversion à la viticulture et à la vinification biologique, après une dizaine d’années d’essais, d’observations et de compréhension. Pour passer ce changement de mode de culture, le domaine a investi dans du matériel récent pour être tranquille à l’avenir.
Le chai est composé de cuves émaillées, bois, inox thermorégulées et quelques barriques pour la vinification du Pinot Noir Fût de Chêne (2000 bouteilles). La cuverie peut contenir 1000 hectolitres de vins, pour une production de 90000 à 100000 bouteilles annuelles dont 15000 bouteilles de Crémant (100 % de Pinot blanc).
L’exploitation est totalement autonome pour tout ce qui concerne la mise en bouteilles et l’étiquetage, qu’elle gère tranquillement selon ses besoins. Il n’y a que la mise en bouteille et le dégorgement du Crémant qui sont faits par un prestataire.
Actuellement le domaine est mené par les deux frères, avec l’aide de l’épouse de Patrick. Mais l’avenir du domaine passera probablement par Victor (24 ans) qui a fini ses études en 2015. Il a obtenu son BTS Viti-Oeno passé au LEGTA de Rouffach, puis il a suivi un cursus à l’Ecole d’Ingénieurs de Changins en Suisse, mais il se laisse 5 à 6 ans avant de venir sur le domaine familial. Il travaille actuellement au Domaine Zind-Humbrecht à Turckheim.
Victor est déjà bien investi dans le domaine par sa collaboration à la réalisation du caveau et l’élaboration de la Cuvée Sulzer. Cette cuvée a été lancée il y a trois ans et il faut reconnaître que c’est une belle curiosité. La Cuvée Sulzer est un assemblage de Pinot Gris, Riesling et Sylvaner, plus ou moins à parts égales. A la dégustation le Riesling domine, mais le Pinot Gris apporte l’aromatique, le Riesling l’acidité et la trame, alors que le Sylvaner enrobe vraiment bien l’ensemble.
Ce domaine a toujours été une exploitation de proximité, qui souhaite le rester, en mettant en avant uniquement les terroirs de chez eux, sans forcement s’étendre sur d’autres communes.
Cette fin de semaine le domaine organise ses portes ouvertes. Prenez cette allée bordée d’arbres et de prés occupés par des chevaux, telle une allée donnant accès à un ranch, jusqu’au fond, occupé par ce magnifique bâtiment de bois et de vitres bien intégré au paysage, pour découvrir des vins produits avec passion.
Domaine Robert Roth